Tuskaland

LETTRE OUVERTE

A CEUX QUI PENSENT QUE JE SUIS UN IMPOSTEUR

 

Nous avons deux propositions. L'une estime que les Vikings présents en Gascogne dès les années 770 ont dominé le pays entre 840 et 982 et ne l'ont jamais quitté malgré leur défaite. L'autre considère qu'ils ont bien attaqué la région, mais qu'ils n'auraient jamais songé à s'y installer. Or, les historiens qui contestent l'installation des hommes du Nord reconnaissent ne pas savoir ce qu'il s'est passé en Gascogne faute de sources et sont incapables d'expliquer ce qui aurait pu empêcher les hommes du Nord de s'y installer. Il devrait pourtant être aisé de relever des indices permettant de trancher en faveur de l'une ou l'autre hypothèse. Nous allons lister quelques anomalies et incongruités historiques qui permettront, à ceux qui en ont l'ambition, de se faire un avis sur la question.

 

1 - Les IXe et Xe siècles seraient des pages blanches de l'histoire de la Gascogne faute de sources. FAUX. Il existe des sources, mais toutes évoquent les Vikings ce qui les rend suspectes.

"Les IXe et Xe siècles sont des pages blanches de l'Histoire" (Higounet, Histoire de Bordeaux, 1963). Pourtant, les IXe et Xe siècles furent des siècles durant lesquels l'Eglise et ses représentants vont produire de nombreux documents, des siècles pour lesquels on a des traités de paix, des actes de fondation de monastères, des capitulaires, des conciles, des levées d'impôts, des actes juridiques comme des mariages, des donations, des successions. Le simple fait que la Gascogne ne produise rien de tel pendant deux siècles suggère soit une grande désorganisation s'apparentant à un chaos, soit la présence en Gascogne d'un pouvoir n'ayant pas recours à l'écriture. Cette page blanche pourrait s'expliquer par la présence des hommes du Nord, mais devient difficilement explicable sans elle. En réalité, cette absence de sources est toute relative. Nous avons des documents qui évoquent cette période, mais ils présentent un défaut de taille : ils évoquent tous les hommes du Nord, ce qui au regard du Roman national viking forgé en Normandie est absurde. C'est la raison pour laquelle l'historiographie les a depuis toujours écartés.

 

2 – La Gascogne aurait échappé à l'envahisseur viking. FAUX. Aucun pouvoir politique gascon n'a été en mesure de repousser la menace viking.

Iturria

Plusieurs historiens considèrent que les Vikings auraient épargné la Gascogne, mais se révèlent incapables d'expliquer pourquoi. Si le pays avait été défendu par des seigneurs gascons, on devrait trouver trace des mesures militaires prises pour arrêter le fléau scandinave, des systèmes de défense (comme des ponts fortifiés) édifiés par ces chefs et surtout, ces héros auraient dû devenir des figures emblématiques de l'identité gasconne. Or, le seul comte gascon s'opposant aux Vikings est Mittara Sanche qui n'hésitera pas à trahir Pépin II et à le livrer à son rival Charles le Chauve. C'est le seul "héros" que la Gascogne ait à mettre en avant à cette époque. A sa mort en 864, Arnaud, comte de Périgueux, poursuivra la lutte, mais ses armées seront décimées par les combats contre les Normands qui finiront par l'éliminer en 871... La Translatio Sancta Faustae, un des rares textes contemporains arrivé jusqu'à nous, évoque ces combats et précise accessoirement que Arnaud combattait des "Normands originaires de Gascogne". Aucun historien n'a jamais pu défendre l'idée d'un pouvoir fort ayant réussi à empêcher l'installation des hommes du Nord dans la région. La seule explication proposée pour expliquer l'hypothétique préservation de la Gascogne est physique : en 1869, Jules Michelet écrivait: "Les fleuves d’Aquitaine ne leur permettaient pas de remonter aisément comme ils le faisaient dans la Loire, dans la Seine, dans l’Escaut et dans l’Elbe. Ils réussirent mieux dans le Nord ». Dans son sillage, en 2008, l'historien Frédéric Boutoulle considérait que les Vikings abordant la Gascogne étaient des "marins malchanceux" victimes de coups de vents. Il n'est pas besoin d'être un grand spécialiste des Vikings ou de la Gascogne pour comprendre que ces explications sont incongrues.

 

3 - La Gascogne serait devenue indépendante sous l'action de Sanche Mittara. FAUX. Cette affirmation repose sur une seule source dont le contenu est discutable.

En 848, une lettre d'Euloge de Cordoue (810-859) évoque des combats contre les Francs l'empêchant de traverser les cols pyrénéens occidentaux (Ibaneta, Somport, Pourtalet). Certains historiens déduisent de cette lettre que ce sont des Gascons qui combattent les Francs et que ce document témoignerait de la naissance de la Gascogne. Or, jamais de son vivant Charles le Chauve ne réussira à franchir la Garonne et à entrer en Gascogne. Dès lors, on voit mal comment des combats contre les Francs auraient pu bloquer les cols occidentaux. D'autant que les Annales de Saint Bertin nous apprennent que les Vikings assiègent Bordeaux en 847. Il est peu probable que le roi des Francs choisisse de guerroyer contre les Gascons rebelles au pied des Pyrénées -une campagne fantôme dans les sources franques- alors même que les Scandinaves assiègent Bordeaux. Dans la mesure où plusieurs sources gasconnes évoquent la prise de contrôle de la région par les Vikings en 840, il y a tout lieu de penser que les combats qui bloquent les cols pyrénéens opposent en réalité les Gascons emmenés par le roi de Pampelune aux Scandinaves. Il est étonnant de voir comment l'historiographie choisit de mettre en avant une source espagnole esseulée pour inventer la renaissance gasconne et refuse de prendre en compte plusieurs témoignages gascons parce qu'ils évoquent les hommes du Nord.

 

4 - En 858, Björn aurait fait sa soumission à Verberie. FAUX. Björn vient d'écraser Charles le Chauve, il s'agit d'un traité de paix.

Beorne toponymie

Les Annales de Saint Bertin évoquent la "soumission" de Björn au palais de Verberie. Or, dans les années précédentes, les Normands se sont emparés de Nantes, Poitiers, Angers, Tours, Blois, Orléans, Chartres, Le Mans, Rouen, Evreux, Bayeux et Paris. Il ne s'agit pas d'une soumission, mais d'un traité de paix. Or, un traité de paix est toujours assorti d'une contrepartie. La seule chose qu'a pu donner Charles le Chauve, un roi ruiné par la guerre et militairement à la dérive, à un chef victorieux est une terre, une terre qu'il donne d'autant plus facilement qu'elle lui échappe totalement : il s'agit de la Gascogne. A partir de cette date, les Francs cessent de considérer la Gascogne comme faisant partie du royaume. Et si les Annales de Saint Bertin taisent la contrepartie, c'est parce qu'il s'agit un revers politique majeur qu'il importe de cacher et dont on craint qu'il ne fasse des émules. (Charlemagne prétendait éradiquer le paganisme d'Occident et, moins d'un demi-siècle après sa disparition, son petit-fils abandonne une terre chrétienne à ces mêmes païens!). Ce n'est pas Sanche Mittara qui a assuré l'indépendance de la Gascogne, mais plus vraisemblablement ce qu'il convient de nommer le traité de Verberie passé entre Björn Ragnarsson et Charles le Chauve en 858.

 

5 - En 864, les Vikings se seraient désintéressés de l'Aquitaine. FAUX. Si les combats cessent, c'est tout simplement parce qu'ils sont maîtres du pays. 

Après 864, les combats cessent en Aquitaine et dans les années suivantes, les hommes du Nord semblent se concentrer sur la Neustrie au nord de la Loire. La déduction logique de l'historiographie, c'est qu'à la mort de Pépin II en 864, les "mercenaires" scandinaves ayant perdu leur mentor et financier, abandonnent le riche royaume d'Aquitaine devenu sans intérêt et vont décider de piller la riche Neustrie. Or, nulle part il n'est écrit que les Vikings abandonnent l'Aquitaine. André de Bergame écrit même le contraire! "Un grand massacre fut fait parmi les nobles d'Aquitaine [...] [Il évoque la bataille de Fontenoy-en-Puisaye qui a décimé les armées carolingiennes en 841] Jusqu'à ce jour [il écrit vers 860] la noblesse d'Aquitaine est si ravagée que les Normands s'emparent de ses terres et qu'elle n'a pas la force de leur résister". Il n'est pas question de raids, mais de conquête suivie d'une domination politique. Pourquoi les troupes scandinaves qui se sont donné la peine de s'emparer des plus puissantes cités d'Aquitaine les abandonneraient-ils ? Qui les en aurait chassés ? Personne. En réalité, il existe une autre possibilité. Si les combats cessent en Aquitaine, c'est peut-être tout simplement parce que les Normands dominent le pays et que Charles le Chauve n'a plus les forces pour les affronter. On sait qu'en 892, Eudes, roi de Francie, va mobiliser "ses troupes d'Aquitaine" pour affronter les Normands présents dans le Massif Central: il mobilisera les troupes à Nîmes et et en Septimanie. S'il ne mobilise par les troupes de Limoges, Poitiers, Angoulême, Périgueux, Saintes et Bordeaux, c'est manifestement parce qu'il ne contrôle plus la région.

 

6 - Pépin II d'Aquitaine aurait résisté grâce au soutien de la petite noblesse. FAUX. C'est le soutien des Vikings qui a permis à Pépin II d'Aquitaine de poursuivre la lutte.

Cette hypothèse a été développée par l'historien Guilhem Pépin. Il est vrai qu'en 848, Pépin II est lâché par les Grands d'Aquitaine qui choisissent de rallier Charles le Chauve. Pourtant, Pépin continue le combat avec énergie et efficacité. L'historien en déduit que faute du soutien des Grands d'Aquitaine, ce serait la petite noblesse qui l'aurait soutenu... Evidemment, aucune source ne corrobore cette hypothèse. Les Annales de Saint Bertin expliquent de leur côté que Pépin combat aux côtés des Normands, une alliance qui tombe sous le sens. Voilà un roi désargenté et contesté, en guerre contre Charles le Chauve depuis 838, lâché par son oncle Lothaire en 843 puis par les Grands d'Aquitaine en 848, il n'a plus aucun soutien politique. Or, les Scandinaves avaient une puissance militaire et financière incontestable et avaient besoin de légitimité. En s'alliant avec Pépin, ils cessaient d'être des ennemis ou des envahisseurs, mais devenaient des alliés dans la lutte contre les Francs. Pourtant, malgré le témoignage des Annales de Saint Bertin, plutôt que d'envisager l'alliance avec les hommes du Nord, l'historiographie préfère inventer un soutien plus que douteux de la petite noblesse et réduire les Vikings au rôle de mercenaires sans ambition. Ces choix historiographiques témoignent de la force des clichés forgés au XIXe siècle par le Roman national.

 

7 - En 867, Charles le Chauve aurait repris le contrôle de l'Aquitaine. FAUX. Il s'est contenté de créer une marche militaire encadrant la Gascogne et la Saintonge. 

Après la bataille de Brissarthe en 866, une trêve de dix ans est signée (ce n'est écrit nulle part, mais cela tombe sous le sens pour qui connait un peu la diplomatie et la chronologie de la période). Les troupes vikings délaissent la France pour dix ans et s'acharnent sur la Grande-Bretagne. Cela ne signifie pas pour autant que les Vikings ont abandonné le continent. On sait qu'Hastein est installé sur la Loire où il occupe Angers et on imagine sans mal qu'ils continuent d'occuper la Gascogne. Cette supposition est confortée par Adhemar de Chabannes (989-1034). Ce dernier nous apprend que Charles le Chauve va profiter de cette trêve pour reprendre le contrôle de l'Aquitaine. Il va notamment confier à Vulgrin, comte d'Agen, les comtés de Périgueux et Angoulême pour, selon les mots de Léonce Auzias (1895-1934), "constituer une marche militaire contre les Normands de la Garonne et de la Charente". En 867, les cités de Bordeaux et Saintes sont toujours occupées par les Normands.

 

8 - En 876, l'évêque Frothaire aurait abandonné son siège à cause des "incursions des païens". FAUX. Il n'est pas question d'incursions, mais d'infestation..

Bordeaux au 4e s

En 876, Frothaire, évêque de Bordeaux, refuse de revenir sur le siège qu'il vient d'abandonner. Les Annales de Saint Bertin en expliquent la cause : les incursions des païens. Or, le texte latin évoque : "Infestatio paganorum". A cause de "l'infestation des païens". Cette déformation du texte latin dit tout de la difficulté d'interpréter les sources avec objectivité. En 876, Bordeaux n'est pas "sous la menace" des païens, elle est occupée par les païens. En 2021, Stephen Lewis pense démontrer l'inverse en constatant que l'évêque Frothaire participe durant de nombreuses années aux différents conciles sans se plaindre des païens, une présence qu'il aurait inventée de toute pièce en 876. Or, dans la mesure où Björn en 858 a conclu un traité de paix avec Charles le Chauve, on comprend bien qu'en échange d'une terre, celui-ci a accepté de se faire chrétien et on peut sans mal imaginer que Charles le Chauve a demandé à Björn d'accueillir un évêque dans la capitale bordelaise. Les Vikings étaient d'accord pour avoir un évêque -cela faisait partie du traité-, mais la conversion était une affaire personnelle et manifestement le peu de succès rencontré par Frothaire l'a découragé dans sa mission. Par ailleurs, Frothaire plaidera sa cause en 876 et 886 devant deux rois, deux papes et les évêques réunis. On imagine difficilement qu'aucune enquête n'ait été diligentée pour vérifier la réalité des dires de Frothaire... Frothaire n'a pas "inventé" la présence des Vikings comme le suggère Stephen Lewis et son témoignage est limpide : les Vikings étaient encore à Bordeaux en 876 et en 886.

 

9 - En 892, Léon, évêque de Rouen, serait venu évangéliser les Basques. FAUX. Il est venu évangéliser des Scandinaves. 

Après un nouveau refus de Frothaire de réintégrer son siège en 886, le pape demande en 892 à Léon, évêque de Rouen, natif de Carentan et parlant la langue des Danois, de venir évangéliser les païens de Gascogne. Beaucoup d'érudits, anxieux de gommer toute présence scandinave en Gascogne, vont suggérer que les païens en question auraient été des Basques. Si c'est le cas, pourquoi choisir un évêque étranger parlant la langue danoise ? La tradition rapporte que Léon sera décapité par les Normands (cette fois-ci, on n'essaie pas de mettre en cause les Basques) et sera canonisé. Si on ajoute le témoignage de l'auteur al Bekri : « […] A l’ouest, les Basques et le pays de Bayonne, dont les habitants, connus sous le nom de Normands, parlent une langue différente de celle des Francs ». [F. Clément, « La perception de l’Europe franque chez Bakri, XIe siècle », Le Moyen Âge, tome XCIII, 1987, pages 5-16], il ne fait aucun doute que les Normands occupaient toujour la Gascogne et Bayonne plus d'un demi-siècle après la prise de contrôle de 840. Les Vikings n'ont jamais quitté la Gascogne ni l'Aquitaine.

 

10 – Les Gascons auraient trafiqué des esclaves à travers les Pyrénées. FAUX. La traite à travers les Pyrénées était le fait des Vikings de Gascogne. 

S v ivanov trade negotiations in the country of eastern slav

Ibn Hawqal, auteur du Xe siècle, ecrit. « Un article d’exportation bien connu consiste dans les esclaves, garçons et filles, qui ont été élevés en France et dans la Galice. Tous les eunuques slaves qui se trouvent sur la surface de la terre proviennent d’Espagne." L'auteur évoque la traite de chrétiens (garçons et filles élevés en France) vers l'Espagne, une traite de Chrétiens qui avait été interdite dès 743 par le concile des Estinnes. Or, Ibn Hawqal décrit la situation vers 950. Deux siècles après l'interdiction de la traite, l'Espagne continue de fournir des esclaves chrétiens venus de France au monde méditerranéen. Henri Pirenne attribuait cette traite à des commerçants juifs épaulés par des "pirates". Qui étaient les pirates qui capturaient des Chrétiens pour les livrer aux musulmans deux siècles après l'interdiction de cette traite ? Il n'y a que deux réponses possibles : il s'agissait soit de renégats gascons réalisant des raids scélérats dans la Chrétienté, soit de Vikings. Ceux qui nient la présence scandinave suggèrent que les Gascons étaient des trafiquants d'esclaves chrétiens. Nous ne le pensons pas. Par où ces Vikings acheminaient-ils leurs captifs en Espagne ? Certainement pas par Constantinople comme le suggérait Régis Boyer... Ils passaient par les cols pyrénéens, le Val d'Aran en particulier. Si les armes de Pampelune représentent des chaînes d'esclaves, c'est parce que les rois chrétiens de Pampelune considéraient comme fondateur de leur légitimité le fait d'avoir mis fin à cette traite à travers les Pyrénées.

 

11 - La bataille de Taller aurait été un raid repoussé. FAUX. Il s'agit de la bataille finale de la Reconquista gasconne. 

02 cavalerie mostrueuse evoquant un envahisseur cruel 3

Deux sources -trois en réalité- évoquent une grande bataille ayant opposé les Gascons à des Normands. Celle-ci aurait eu lieu à Taller près de Dax vers 982. A la suite de cette victoire gasconne, le comte refondera l'abbaye de Saint Sever et rétablira l'Eglise gasconne en 985. Certains considèrent qu'il s'agit d'un raid repoussé (car c'est bien connu, les Vikings sont de vulgaires pillards), mais les textes décrivent une grande bataille qui donne lieu à un carnage. Or, des Vikings réalisant un raid évitent les combats dans lesquels ils n'ont rien à gagner. Cette bataille est en réalité la bataille finale de la croisade entreprise par le comte de Gascogne contre les Normands occupant les terres qu'il revendique. L'apparition miraculeuse de Saint Sever, un saint matamore, est un classique du récit de la Reconquista. Le comte reconquiert la Gascogne sur les païens comme les rois chrétiens reconquièrent l'Espagne sur les Musulmans. Par ailleurs, le rétablissement de l'Eglise de Gascogne dès 985 montre bien que le comte ne craint plus le retour des Normands. Or, s'il s'était agi d'un raid, sa priorité n'aurait pas été de rétablir l'Eglise, mais de fortifier l'Adour pour empêcher le retour de l'ennemi.

 

12 – Le comte de Gascogne aurait créé l'église séculière de Gascogne sans raison particulière. FAUX. Il crée cette église car il s'apprête à reconquérir le territoire détenu par les vikings. 

Parmi les anomalies gasconnes de la période, il y a l'église séculière de Gascogne. Le comte de Gascogne va organiser autour de lui une église séculière avec des évêques sans évêché et des abbés sans abbaye. Ce faisant, il court-circuite complètement Rome. Cette église est une "église en exil" qui attend la reconquête pour reprendre possession de son territoire. La reconquête sur qui ? Comment ceux qui rejettent l'idée d'une présence scandinave l'expliquent-ils ? Ils ne l'expliquent pas car ils n'expliquent rien. Ils se contentent de répéter ce qu'ont écrit des historiens qui n'ont jamais étudié la question "faute de sources" et évitent surtout de se poser des questions.

 

13 – Les listes épiscopales de Gascogne aurait été interrompues sans raison. FAUX. Les listes épiscopales ont été interrompues par les offensives vikings des années 840.

Vancances des eveches de gascogne 2

On distingue clairement deux zones. L'une sur la rive droite de la Garonne où les listes épiscopales semblent continues (bleu) et l'autre où elles furent interrompues, en général dans les années 840 (rouge) avant d'être rétablies dans les années 970. Cette anomalie n'a qu'une explication possible: en 840, les Vikings savent que les évêques de Gascogne ont pris le parti de l'empereur Louis le Pieux contre leur allié, le rebelle Pépin II d'Aquitaine, et les mettre hors d'état de nuire est une priorité.

Les sources évoquent des attaques vikings importantes dans les années 840 et 850 entraînant la destruction de nombreux monastères et abbayes. Ces monastères et abbayes ne seront rétablis que bien plus tard. Or, si les Vikings n'ont fait que passer en Aquitaine et se sont désintéressés de la région dans les années 860, pourquoi attendre un siècle de plus avant de rétablir l'Eglise ? Qui a empêché cette reconstruction religieuse ? Ce n'est pas Pépin puisque celui-ci disparaît dès 864 et qu'il n'a pas de successeur connu à la tête de la sédition. Les listes épiscopales vont être interrompues pendant plus d'un siècle dans toute la Gascogne. Que s'est-il passé ? Les médiévistes n'en savent rien car, ils l'admettent avec ingénuité, ils n'ont jamais daigné étudier la période faute de sources.

 

Conclusion

Ceux qui me traitent d'imposteur n'ont jamais lu ce que j'ai écrit et ceux qui m'ont lu ne me traitent pas d'imposteur. Seul Alban Gautier avec une mauvaise fois de sycophante a servi son université avec un manque d'objectivité qui ne lui fait pas honneur. Il m'a accusé dans trois articles d'être un imposteur, mais n'a jamais débattu avec moi. C'est normal : on ne discute pas avec un imposteur. Cette attitude est un classique de la communication de crise : si vous ne pouvez contester ses propos, discréditez l'homme. Accusez, accusez, accusez, il en restera toujours quelque chose.

Que ceux qui m'accusent d'être un imposteur reprennent chacune des informations ci-dessus et proposent une explication logique et cohérente. S'ils en sont capables, qu'ils nous donnent leurs explications, sinon qu'ils se taisent. Je ne leur demande pas de me croire, juste d'argumenter sur le fond, ce qu'aucun historien n'a jamais accepté de faire. Ils ont été nombreux ceux qui ont clamé qu'ils allaient démontrer la supercherie, mais leurs proclamations -leurs tartarinades ai-je envie de dire- n'ont été suivies que d'un silence assourdissant, celui de l'impuissance. Y aura-t-il un jour un historien français assez courageux pour accepter le débat ? Y aura-t-il un jour un médiéviste assez honnête pour admettre que j'ai peut-être raison ? Le problème de mes détracteurs c'est que, avec ou sans soutien, je poursuivrai mes recherches et plus on me fera barrage, plus mes détracteurs seront regardés comme des obscurantistes défendant le dogme plutôt que des historiens dignes de ce nom.

Alors que je propose une réécriture de deux siècles de l'histoire européenne, ce pauvre Alban Gautier, malgré l'envie qu'il avait de me discréditer, n'a trouvé aucune incohérence dans laquelle s'engouffrer. Il était obligé de conclure que ce n'est pas parce qu'un récit est cohérent qu'il est vrai.

Mes détracteurs devraient se poser la question suivante : Alban Gautier est un médiéviste, agrégé, spécialiste de la civilisation scandinave et malgré toutes ses compétences, il a été incapable de prouver la "supercherie". Est-il stupide ? Est-il incompétent ? Ou bien suis-je tellement génial que cet universitaire est incapable de démontrer l'escrocquerie ?

Quel que soit la réponse, ce représentant de l'historiographie normande a montré la faiblesse et la vacuité de ses accusations. Sa position sur l'épisode viking en Gascogne est digne de celle du préhistorien Emile Cartailhac qui pendant près de deux décennies déclarera que la grotte d'Altamira, connue comme "la chapelle Sixtine de l'art pariétal", était un faux. Un aveuglement académique choisi et assumé. La négation de l'intelligence.

Le préhistorien Emile Cartailhac accusa Marcelino Sanz de Satuola, le découvreur de la grotte d'Altamira, d'être un escroc. Il mettra plus de 20 ans avant d'écrire un hypocrite "Mea culpa d'un sceptique". Emile Cartailhac savait qu'il avait tort, que ses accusations étaient infondées, mais il resta ferme dans ses accusations pour préserver le dogme de la science préhistorique française : ses diplômes et le silence de ses collègues ne lui donnaient-ils pas la légitimité pour dénigrer Marcelino Sanz de Satuola ?!

Pour le plus grand malheur de la science historique, les Emile Cartailhac existeront toujours. Ils sont comme les lobbies pétroliers face aux énergies alternatives. Pour eux, toute avancée est vécue non comme un progrès dans la connaissance, mais comme une agression contre l'ordre établi, celui qui les nourrit.

 

Bibliographie.

Léonce Auzias, L'Aquitaine carolingienne, 1939.

Frédéric Boutoulle, "Par peur des Normands". Les Vikings à Bordeaux et la mémoire de leurs incursions". Revue archéologique de Bordeaux, Tome IC, 2008, pp. 23-38.

Emile Cartailhac "Mea culpa d'un sceptique, Revue d'anthropologie, Tome 13, Paris, 1902. pp. 348-354.

F. Clément, « La perception de l’Europe franque chez Bakri, XIe siècle », Le Moyen Âge, tome XCIII, 1987, pages 5-16]

Alban Gautier, "Une principauté viking en Gascogne ? A propos d'une imposture". Les Annales de Normandie, 2018, 1. pp. 173-185.

Charles Higounet, Histoire de Bordeaux, Privat, 1980..

Stephen Lewis, Vikings in Aquitaine and their connections, ninth to early eleven century, Caen, 2021. 875 pages. Jury de thèse présidé par Alban Gautier...

Guilhem Pépin, "Les Aquitains et les Gascons du Haut Moyen Âge: la genèse de deux peuples". Bulletin de la Société Borda, n°477, 2005. pp. 3-22.

Henri Pirenne, Mahomet et Charlemagne, PUF, 1937.

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