EXPOSITION. Vikings, une ambition méditerranéenne XXL ?

??

A l’occasion de l’exposition La Mer XXL qui s’est tenue à Nantes du 29 juin au 10 juillet 2019 au parc des expositions de la Beaujoire, l’association TUSKALAND et son fondateur Joël Supéry furent invités à présenter une exposition consacrée aux invasions vikings en Occident. Cette exposition était intitulée, « Les invasions vikings, une ambition méditerranéenne ? ».

Elle était d’autant mieux venue que les Nantais avaient eu la chance d’accueillir en 2018 deux expositions remarquables consacrées au hommes du Nord. La première « Nous les appelons Vikings »,   au Château des Ducs de Bretagne était une très belle présentation du monde viking et de la civilisation scandinave. Elle était cependant déconnectée de Nantes et de son passé. Celle du Chronographe à Rezé complétait heureusement cette dernière. On y présentait les vestiges archéologiques trouvés dans la région et s’intéressait davantage aux « Vikings de la Loire ».

Néanmoins, aucune n’expliquait pourquoi Nantes avait été attaquée en 843 ni en quoi Nantes fut la bataille qui bouleversa l’histoire des invasions. Pour répondre à ces deux questions, TUSKALAND a réalisé une exposition réalisée grâce au soutien de RES Group, un acteur majeur des énergies renouvelables, dans le solaire et l’éolien notamment.

Cette exposition a suscité la surprise du public… mais aussi sa fascination : pour la première fois, une lecture intelligible des invasions était proposée.

Il est possible de contester cette lecture, mais durant les douze jours d’exposition, personne n’a contesté cette présentation. Des questions ont été posées, nous avons répondu. Quelques historiens sont passés sur le site. Certains ont pris des notes sans poser de questions, d’autres ont invité Joël Supéry à présenter des conférences au sein de leur université. 

L’exposition comptait 15 panneaux français/anglais et des textes de 200 mots.  Des panneaux déroulants de 200x80cm

Ci-dessous, descriptif des 15 panneaux. .

A l’origine des invasions.

793, Le pillard viking, un mythe ? Les Vikings sont regardés comme des pillards de monastères, pourtant, dès 834, leurs attaques changent résolument de nature. Ils attaquent les principaux ports d’Europe lançant aux Francs et aux Sarrasins un véritable défi commercial et militaire menaçant leur stabilité économique et politique. (Tableau 1)

799, Raid viking ou agression franque ? En 799, 115 normands sont tués à Noirmoutier. Ils appartiennent selon toute vraisemblance à un convoi marchand se rendant en Espagne où les auteurs arabes signalent leur installation dès 795. (Tableau 2)

810, Les Vikings, adeptes du cabotage ? Pour rejoindre le côte nord de l’Espagne, les flottes scandinaves longent les côtes européennes faisant escale chaque soir dans un havre sûr. Certains de ces havres distants de 150 à 200 kilomètres seraient devenus les bases à partir desquelles ils assaillirent l’Europe. (tableau 3)

813, Des Madjous venus de Norvège ? Les Scandinaves présents sur la côte espagnole étaient logiquement des hommes du roi du Vestfold. Le roi du Vestfold menacé par la prospérité grandissante de son voisin le roi de Danemark dut chercher ailleurs les moyens de s’enrichir. Il jettera son dévolu sur la première route commerciale échappant aux Francs, celle reliant Tarragone à Fontarabie, au sud des Pyrénées. (Tableau 4)

836, La Bretagne, atout stratégique de Ragnar ? Ragnar le roi du Vestfold n’a pas eu besoin d’un royaume organisé pour financer son effort de guerre. Il lui a suffi de prendre le contrôle de Brest et Cherbourg. Une fois maître de la route vers le sud, il est devenu le chef naturel des invasions. (tableau 5)

L’invasion de la Gascogne.

840, Une invasion oubliée ? En 840, la France est victime d’une importante attaque scandinave, celle-ci a touché la Gascogne. Les Vikings s’emparent des 12 cités et en éliminent les évêques. Cette ambition politique initiale confirme que les invasions sont une guerre. (Tableau 6)

840, Une invasion bienveillante ? Cette invasion de la Gascogne a pour vocation non pas de nuire au roi d’Aquitaine, mais d’empêcher que la rive gauche de la Garonne ne tombe entre les mains de l’adversaire de Pépin II d’Aquitaine, son propre grand-père Louis le Pieux. (Tableau 7)

840, un pied en Méditerranée ? L’invasion de la Gascogne va permettre aux hommes de Ragnar d’explorer les cols pyrénéens et d’atteindre la Méditerranée. Derrière Bayonne, c’est Narbonne et la route commerciale entre Atlantique et Méditerranée qui intéressent Ragnar. (Tableau 8)

Le chantiers naval des invasions ? En Scandinavie, la forêt appartient à la communauté et un chef désirant construire une flotte doit trouver ailleurs les forêts nécessaires à son projet. Joël Supéry estime que Ragnar aurait décidé de construire les navires de l’invasion à Mimizan, dans les Landes. (Tableau 12)

La chute de Nantes.

843, Une chute inavouable ? Nantes tombe en quelques minutes car des Vikings se faisant passer pour des commerçants entrèrent dans la cité avec le flot des réfugiés. Lorsque la flotte débarque et lance son assaut, les portes sont ouvertes. Faire savoir les conditions de la chute de Nantes aurait été catastrophique pour le roi de France : prélever l’impôt pour restaurer les remparts de cités qui tombent sans coup férir serait devenu très compliqué… (tableau 9)

843, Une défaite majeure pour les Francs ? La perte de Nantes est une catastrophe dont la Francie occidentale ne se relèvera pas. Nantes était la clef de voûte du royaume de Charles le Chauve qui allait naître un mois plus tard au traité de Verdun. Si les Francs avaient réussi à se maintenir à Nantes, ils auraient pu couper la route côtière  à Noirmoutier. Ragnar devait prendre Nantes coûte que coûte. (tableau 10)

843, Le 24 juin, une date symbolique ? Le choix du 24 juin 843 n’est pas un hasard. Lothaire avait demandé à ses « alliés » de respecter une trêve qui devait débuter un mois avant la date du traité de Verdun le 24 juillet. Or, en faisant la paix avec ses frères, il trahissait son allié scandinave Ragnar. En attaquant ce jour-là, Ragnar signifie à Lothaire qu’il n’est plus un simple mercenaire, et que désormais, il mène sa propre guerre. (tableau 11)

La traite des esclaves.

La traite carolingienne et sa fin. Lorsque Charlemagne attaque Saxons et Slaves, il envoie ses prisonniers païens comme esclaves en Espagne. A sa mort, son fils  Louis le Pieux décourage la traite. Cette situation provoque une asphyxie progressive de l’émirat de Cordoue, principal consommateur d’esclaves en Occident. (Tableau 14)

La traite, une aubaine pour Ragnar ? Les Vikings installés sur la côte nord de l’Espagne saisissent l’opportunité. Ils vont fournir aux Sarrasins les esclaves que les Francs cessent de vendre. Dans un premier temps ils iront les chercher en Irlande. Dans les années 830, c’est le véritable début des invasions.  (tableau 15)

L’auteur.

Une autre manière de comprendre l’histoire ? Joël Supéry constate que les invasions vikings n’ont jamais été étudiées au sud de la Loire et considère l’approche traditionnelle  des sources trop rigoureuse. Il prône une approche plus souple, celle défendue par Lucien Febvre et Marc Bloch, fondateurs de l’école des Annales. (tableau 13)

• Nom du fichier : Exposition nantes xxl 2019 contenu
• Taille : 214.58 Ko